Aucune Echappatoire
- Théo Valet
- 25 janv. 2021
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mai 2021
Cette histoire est la suite de deux petites histoires que j'ai écrit pour le Fokitober du 10/10/20 et pour celui 22/10/20. Vous les trouverez juste en dessous de l'histoire dans les "Posts similaires". N'hésitez pas à aller les lire si vous voulez comprendre ce qui s'est passé. Ce n'est toutefois pas obligatoire pour lire celle-ci. L'image de couverture viens de l'artiste Tatiana Vetrova, je vous met le lien de son Artstation ici.
La cité est en ébullition, les habitants courent partout et les gardes sont sur les nerfs. Ils fouillent dans les moindres recoins de la ville pour retrouver l'assassin de leur jeune souverain.
Tout s'est joué à pas grand-chose mais Jacob, l'auteur de toute cette agitation, a réussi à échapper aux gardes. Il se retrouve maintenant dans une petite ruelle juste à côté des remparts du château. L'endroit est délabré avec des poubelles qui empestent et donnent la nausée. L'odeur n'empêche pas les chiens errants de fouiller à l'affut d'un petit gueuleton. Après avoir réfléchi à quoi faire, Jacob se dit qu'il ferait mieux de se déguiser pour passer inaperçu. Il se met donc à la recherche de quelque chose pour se couvrir un peu mieux le visage, son manteau étant resté au château lorsqu'il l'a jeté sur l'un des gardes. Au bout de quelques temps, il trouve un bout de tissu noir et miteux qu'il enfile par-dessus ses vêtements. Il ne sent pas la rose mais ça lui donne un aspect de mendiant qui lui sera très utile.
Des bruits de bottes se font entendre dans son dos. Il plonge derrière un muret quand cinq gardes passent devant l'entrée de la ruelle. L'un d'eux s'arrête et balaye la ruelle de son regard. Ne remarquant rien, il se remet à trottiner pour rattraper ses congénères. Jacob ressort de sa cachette de fortune et se dit qu'il ne doit pas trainer ici. Il traverse la ruelle en poussant d'un coup de pied un chien venant lui quémander à manger. En arrivant dans la grande rue, il se met à clopiner en se courbant pour ressembler à un vrai mendiant. Son objectif est de se cacher avant que son visage soit placardé dans toute la ville. Quand tout se sera calmé et que les portes de la cité seront de nouveaux ouvertes, il fuira les lieux. En attendant, il décide de se réfugier dans les quartiers mal famés de la cité, là où on ne viendra pas le chercher.
Une autre équipe de gardes arrive face à lui. Jacob reste calme et continue à avancer normalement droit devant lui. Il baisse la tête pour ne pas croiser le regard de l'un de ces hommes armés jusqu'aux dents.
- Eh le pouilleux !
La voix vient d'un des gardes qui s'est mis en travers de sa route. Loin de lâcher l'affaire, il interpelle l'homme de nouveau.
- C'est à toi que je parle avec ta cape miteuse.
Jacob relève un peu la tête et répond doucement.
- Oui ? Que puis-je faire pour vous monsieur ?
- Où est-ce que tu vas comme ça ?
Après un petit temps d'hésitation, il répond.
- J'étais dans la rue à essayer de gagner quelques pièces quand les cloches ont sonné. J'ai vu tous les gens partir en courant un peu partout alors je me suis dit qu'il ne valait mieux pas traîner ici.
Le garde reste planté devant lui, le torse bombé pour lui montré qu'il était au dessus de lui.
- Et donc tu comptes aller traîner où ? Tu m'a pas l'air d'être le genre de type à avoir une maison.
- Je ne sais pas trop, j'aimerais essayer de trouver une ruelle calme où passer la nuit.
Un des autres gardes de la troupe prend soudain la parole.
- Laisse donc ce misérable tranquille Arthur. Tu vois bien qu'il ne correspond pas à la description que nous ont fait les autres. Il n'a rien d'un combattant agile et meurtrier. C'est à peine s'il marche bien.
L'intéressé continue de fixer le misérable avant de commencer à se décaler en direction de ces collègues.
- Ça va pour cette fois pouilleux. Mais fais attention, on aime pas trop les gens comme toi ici. Que je te reprenne plus à rôder autour du château.
En passant, il le bouscule violement. Jacob se dit, qu'en temps normal, cet écervelé tiendrait moins d'une minute face à lui.
Un peu plus loin, il croise un crieur sur une estrade en train d'annoncer les nouvelles.
- Un couvre-feu est imposé dans toute la cité à la nuit tombée. Vous devez rester chez vous et fermer vos portes. Toute personne prise dans la rue sera emprisonnée afin d'être interrogée.
Ça se complique, se dit Jacob. Le quartier où il veut se rendre est encore loin et il n'y arrivera jamais avant la tombée de la nuit à cette allure. Il repère à quelques pas de lui un marchand qui vide sa charrette devant une étale. Arrivé à sa portée il l'interpelle.
- Excusez-moi mon brave, je ne voudrais pas vous importuner mais je vois que vous avez une charrette vide et un cheval. J'ai terriblement besoin de rejoindre le quartier des forgerons.
L'homme se retourne et juge le mendiant de haut en bas.
- Mmmmh. Qui me dit que tu vas pas me poignarder dans le dos et me voler ma charrette quand on sera en route ?
- Regardez-moi, je ne suis qu'un pauvre hère boiteux. Comment voulez-vous que je fasse ça ? Je peux vous donner l'argent que j'ai ramassé aujourd'hui pour vous payer.
L'homme le regarde tout en réfléchissant à sa proposition. L'attrait de l'argent marche à chaque fois.
- Je veux bien t'emmener au plus prêt mais je n'irai pas jusqu'à traverser cette zone de la ville. J'ai pas envie de me faire racketter.
Jacob sourit et tend l'argent au marchand. Ce dernier prend la bourse et compte les pièces qui s'y trouvent.
- Aller grimpe mendiant, on part dans cinq minutes, le temps que je finisse de décharger.
Après avoir fini sa besogne, le marchand monte à l'avant de la charrette et lance son cheval au pas. Ils traversent la ville en très peu de temps. Sur le chemin le marchand demande à Jacob comment il s'appelle et comment il en est arrivé là. Jacob se fait passer pour un ancien forgeron du nom de Isaac, il a perdu son atelier à la suite d'un incendie et sa femme l'a quitté. Depuis il cherche du travail, mais c'est compliqué avec la guerre en cours. Après avoir entendu sa fausse histoire, le marchand est devenu bien moins méfiant à son égard. Lui se prénomme Jack, il est marchand depuis toujours et les affaires vont bien justement grâce à la guerre. La peur de manquer des gens lui fait vendre ses ressources comme des petits pains. Malgré ça, il craint que les temps se compliquent si cette crise continue.
Une fois arrivé près de sa destination, Jack fait s'arrêter le cheval sur le côté et laisse descendre Jacob. Quand le faux mendiant passe à côté de lui pour le remercier, il lui lance sa bourse.
- Je pense que tu en as plus besoin que moi par les temps qui courent. Essaie d'être prudent Isaac l'ancien forgeron.
Sous sa capuche, Jacob sourit sincèrement.
- Merci Jack, vous êtes vraiment une bonne personne. J'espère qu'on aura l'occasion de se revoir un jour, afin que je vous rende la pareille.
Il sait qu'il ment et qu'ils ne se reverront jamais. La faute à leur appartenance à deux camps différents qui sont engagés dans un combat acharné. Quel qu'en soit l'issue, il y aura un perdant et un gagnant et la haine entre les deux ne s'effacera pas du jour au lendemain.
Jacob prend la direction du quartier des forgerons et arrive juste avant la tombée de la nuit. Le quartier est calme comparé au reste de la ville. Les gens vaquent à leurs occupations sans trop se soucier de ce qu'il s'est passé en ville. L'homme doit maintenant trouver un endroit où se poser le temps d'une nuit. Il commence donc par explorer le quartier qu'il ne connaît pas.
Au bout de quelques minutes de visite, il trouve une sorte d'auberge mal famée. Ce n'est pas l'endroit le plus sécurisé mais au moins les gardes n'iront pas le chercher dans ce cloaque. La cour de l'auberge est occupée par des ivrognes complètement imbibés ainsi que des types louches qui font des messes basses. N'y prêtant pas attention, il continue son chemin en direction de la bâtisse et passe la porte d'entrée. Un sacré morceau de bonhomme l'attend derrière le comptoir. Ces bras font largement la taille des cuisses de Jacob et il est d'une taille hors norme. Sa voix rocailleuse est en adéquation avec sa stature. Ce n'est pas le genre de personne avec qui il faut s'embrouiller.
- Bienvenue étranger, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
- Bonjour, j'aurais besoin d'une chambre pour la nuit. J'ai de quoi payer.
L'homme sourit légèrement.
- J'espère bien que tu as de quoi payer. Ne provoque pas de chahut dans mon auberge et tout ira bien.
- Aucun problème, je viens seulement pour dormir et me rassasier.
Il se retourne et récupère une clé derrière lui.
- Chambre 237, au deuxième étage. Le bar est juste à ta droite.
- Merci beaucoup, je ne dis pas non à une bonne bière et à un repas digne de ce nom.
Jacob range la clé dans sa poche et part en direction du bar. Il a bien mérité un peu de réconfort en attendant que toute cette histoire se tasse et qu'il puisse rentrer chez lui.
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